« J’avais l’impression que le bâtiment allait s’effondrer ! J’ai eu très peur », raconte Curt.
L’explosion est un coup dur de plus pour le Liban. Le pays, qui supporte depuis plusieurs années le poids de la crise des réfugiés syriens, est depuis quelques temps, accablé par une récession sans précédent et par l’épidémie de Covid-19. Ces crises ont plongé le pays dans un chaos total et les besoins de la population se creusent davantage chaque jour.
Medair distribue d’ores et déjà des abris d’urgence et fournit une prise en charge psychologique des victimes. Curt Tyler nous raconte ce qui se passe sur le terrain depuis l’explosion :
Dans les heures qui ont suivi l’explosion, que s’est-il passé ?
C’était le chaos le plus complet. Il nous aura fallu plusieurs heures pour enfin comprendre ce qui venait de se passer. Dans l’incertitude, de nombreuses rumeurs circulaient. On ne savait pas s’il s’agissait d’un accident ou d’une attaque. Les gens étaient paniqués ; nombre de bâtiments étaient réduits en poussière. On pouvait voir des voitures aplaties, éparpillées dans la rue. Les fenêtres et les portes des bâtiments avaient explosé. Jonchées de débris, les rues étaient méconnaissables.
Comment se porte l’équipe Medair depuis l’explosion ?
Dieu merci, la quasi-totalité de l’équipe se trouvait à Zahlé au moment de l’explosion ; Zahlé se situe à quelques heures de Beyrouth. Nous avons une équipière qui était à Beyrouth et qui a été légèrement blessée, mais elle va mieux et nous aide déjà dans la réponse d’urgence.
Ce type d’évènement est traumatisant pour toute personne impliquée. Nous avons mis en place des consultations de soutien psychologique pour tout équipier qui en ferait la demande. Mais nous avons vraiment une équipe formidable qui travaille très dur pour répondre à tous les besoins.
Quels sont les besoins les plus urgents ?
Les besoins sont énormes. Plus de 300 000 personnes n’ont plus de logement. Les gens sont traumatisés et nécessitent une prise en charge psychologique pour surmonter ce qu’ils ont vécu. Ils ont aussi besoin d’aide pour réparer leurs habitations. Et ceux qui ont tout perdu vont avoir besoin d’argent pour payer la location d’un appartement et s’acheter l’essentiel. Les hôpitaux et centres de santé auront aussi besoin d’être réparés et de réapprovisionner leurs stocks de médicaments.
Le nombre de cas de Covid-19 augmente chaque jour à une vitesse inquiétante. Il nous faudra mettre tout en œuvre pour intervenir de manière sûre et protéger les victimes et notre personnel.
Que fait Medair pour soutenir la population de Beyrouth ?
Juste après l’explosion, nous nous sommes réunis pour déterminer si Medair avait la capacité d’intervenir. Nous sommes persuadés que la clé d’une intervention réussie, c’est le partenariat et la coordination avec les autres acteurs humanitaires. Nous avons donc contacté Arcenciel, une ONG locale de Beyrouth avec laquelle nous avons déjà travaillé par le passé. C’est avec Arcenciel que nous sommes allés collecter les données et les informations nécessaires pour identifier les besoins de la population.
En l’espace de 36 heures, nos équipes étaient déjà dans les quartiers de Beyrouth les plus touchés pour évaluer les besoins et contribuer aux efforts de déblaiement.
Nous participons également à la coordination inter-agences avec d’autres organisations spécialisées dans les abris afin d’évaluer les dégâts et distribuer du matériel pour permettre aux habitants de réparer leurs logements. Nous effectuerons aussi nous-mêmes des réparations mineures de maisons et de bâtiments et veilleront à ce qu’ils soient de nouveau sûrs et accessibles, en particulier pour les personnes avec certaines fragilités. Une aide financière sera distribuée aux ménages extrêmement vulnérables pour qu’ils puissent se payer un loyer pendant qu’ils interviennent sur leurs logements. Nous participerons aux interventions sur les structures de santé endommagées par les explosions et leur fourniront du matériel et des médicaments. Enfin, nous prendrons en charge les victimes traumatisées par l’incident afin de leur offrir un suivi psychologique et formerons des bénévoles communautaires sur l’aide psychologique d’urgence.
Quelles compétences de Medair sont particulièrement utiles aux opérations de secours ?
L’expertise de Medair relève des secteurs de l’abri, de la santé, de la gestion de l’information et du soutien psychosocial. Ce sont ces mêmes compétences dont la population de Beyrouth a besoin.
Notre équipe de gestion de l’information est très respectée au Liban et fait partie du groupe national chargé des évaluations et des analyses.
En ce qui concerne l’accès aux abris, notre mode de fonctionnement sert de modèle pour les autres acteurs. Nous veillons ainsi à ce que les familles ne reçoivent pas seulement une aide, mais qu’elles reçoivent une aide de la plus haute qualité.
Comment peut-on soutenir l’action de Medair là-bas ?
Il faudra du temps, des efforts et une action concertée pour reconstruire le Liban. Les défis qui s’annoncent sont de taille. Nous mettons tout en œuvre pour aider de façon durable ces populations.
Plus que jamais, nous avons besoin de vous pour continuer d’assurer une aide vitale au Liban. Plus les besoins se creusent, plus nous avons besoin de ressources. Les dons sont utilisés de façon optimale afin de répondre aux besoins les plus urgents.
Merci de prier avec et pour nous. Pour notre sécurité, pour de la sagesse dans la planification et la mise en œuvre de nos interventions, et pour le renouvellement de nos forces, car les journées sont longues et pleines.
Notre équipe, dirigée par des Libanais, est incroyable. Elle travaille sans cesse. Elle est prête à tout pour accompagner les victimes de cette tragédie. Merci à toutes les personnes qui nous soutiennent et rendent cette intervention possible.
Nous faisons appel à votre générosité, car le Liban a besoin de vous.