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Recrutement : à la recherche de talents alors que les frontières sont fermées

Aujourd’hui, plus que jamais, il est important de trouver les bons candidats pour renforcer nos équipes. À Medair, cela signifie qu’il nous aura fallu adapter notre stratégie de recrutement.

On le sait, le travail humanitaire est aussi exigeant qu’il est gratifiant. Les journées sont longues, la famille est souvent au loin et l’environnement peut être particulièrement stressant à cause des conflits ou des catastrophes naturelles. Mettre en place une intervention efficace nécessite d’avoir le personnel compétent pour le faire. Pour cela, il faut pouvoir recruter des personnes qui savent innover, qui n’ont pas peur de présenter des points de vue parfois différents, et qui sont passionnées par leur travail.

Pandémie et recrutement

Dans le secteur de l’humanitaire, le recrutement a sa part de défis. Lorsqu’en plus il faut composer avec une pandémie qui sévit partout dans le monde, les défis sont d’autant plus compliqués. Non seulement la demande internationale en experts de la santé, de la logistique et de l’ingénierie explose, mais les restrictions de mouvement nous empêchent parfois d’envoyer ces travailleurs sur le terrain. Sans parler du ROC, la session d’orientation sur l’aide et la reconstruction, propre à Medair. Ce ROC joue un rôle clé dans notre processus de recrutement, et il implique obligatoirement un déplacement en Suisse et une semaine passée au sein d’un groupe de personnes en huis clos.  

Depuis le début de la pandémie, nous avons dû adapter nos pratiques de recrutement. Premièrement, puisque nous ne pouvons pas faire venir les gens au ROC, nous avons décidé d’emmener le ROC à eux. Deuxièmement, lorsqu’il n’est pas possible d’envoyer du personnel sur le terrain, nous faisons tout pour que le poste vacant soit pourvu à distance par des collègues expérimentés.

Un ROC virtuel

Le ROC est au cœur du processus de recrutement de Medair. Il s’agit d’une semaine de simulation permettant d’évaluer la compatibilité professionnelle du candidat avec Medair. Si les simulations et exercices y sont tenus dans le plus grand secret, une chose est sure : ils reflètent la réalité du terrain et du travail humanitaire.

Puisqu’il n’est pas possible d’arrêter de recruter du personnel pendant la pandémie, nous avons dû trouver une manière de continuer le ROC sans faire voyager les gens et sans se réunir. Nous n’avions qu’une seule option : créer une version virtuelle du ROC que nous avons appelée vROC et qui se déroule en ligne.

Le défi était de taille ! Nous avons commencé par établir le fil conducteur : la mise en scène. À partir de là, nous avons créé les exercices que les participants allaient devoir compléter. Le personnel de Medair jouerait le rôle de personnages auxquels les participants allaient avoir à faire par vidéo. Nombreux sont ceux qui ont modifié le décor de leurs salons ou bureaux pour donner de la crédibilité à leur rôle ! Plusieurs tchats et salles de réunions virtuelles ont été créés pour séparer les parties pratiques des parties théoriques du ROC.

Lors du tout premier vROC en novembre 2020, nous nous sommes rendu compte rapidement que celui-ci présentait des défis propres à sa nature virtuelle. Le premier étant le décalage horaire : lorsque des exercices de groupe terminaient à 22h à Genève, il était 13h pour les participants à Vancouver et minuit pour ceux de Nairobi. Le second étant la connexion internet : même si nous avions fait notre maximum pour choisir des candidats avec une bonne connexion, plusieurs participants (et parfois même des membres du personnel) ont subitement disparu lors de simulations. Quelle surprise alors de se reconnecter pour s’apercevoir que le scénario avait complètement changé durant les quelques minutes d’absence. Enfin, chaque session était accompagnée de « vous m’entendez ? » et de « merci de désactiver votre micro », propres aux communications virtuelles. Cette première édition était notre version test, nous l’avons donc effectuée en petit comité, avec huit participants seulement possédant déjà une expérience humanitaire et qui connaissaient les exigences du secteur. Notre prochain vROC, qui se déroulera en mars 2021, sera ouvert à deux fois plus de participants.  

« Cette expérience a encore une fois prouvé que nous sommes capables de nous adapter aux circonstances et de proposer une version du ROC qui, jusque-là, n’existait pas », explique Pete, le responsable du recrutement et le coordonnateur du vROC de novembre. « L’objectif principal de tout ROC est d’identifier la prochaine génération de travailleurs humanitaires de Medair. Grâce au vROC, nous pouvons garder le même objectif, malgré la pandémie. Nous sommes ravis du résultat et des candidats qui y ont participé. »

Jacob, un des participants, nous raconte : « J’ai vraiment eu l’impression de participer à une session physique. Le contenu du programme a couvert tous les défis qu’un travailleur humanitaire est amené à rencontrer sur le terrain. »

Simon, un des autres participants, le confirme : « Le contenu était très complet, et en bonus, j’ai appris à connaître d’autres professionnels de l’humanitaire compétents vivant dans d’autres pays du monde. »

Travailler à distance

Comme mentionné plus haut, il nous faut parfois pourvoir un poste à distance. Et comme partout ailleurs dans le monde, notre siège et nos équipes sur le terrain ont dû s’habituer à travailler de la maison. La transition a été difficile, mais pas impossible. Nous avons même su en tirer des bénéfices.

Les annulations des ROC de l’année 2020 nous ont empêchés de recruter du nouveau personnel et, à maintes occasions,  nous avons craint ne pas pouvoir compléter nos équipes sur le terrain. Mais en adaptant les postes et responsabilités, nous nous sommes rendu compte que nous pouvions pourvoir ces postes avec une de nos plus précieuses ressources : les membres du  personnel expérimenté qui ont travaillé par le passé sur le terrain avec Medair et qui sont rentrés chez eux à la fin de leur contrat.   

Décider de quitter un poste à plein temps sur le terrain n’est jamais facile ; ce sont souvent des raisons personnelles qui motivent la décision : se rapprocher de ceux qu’on aime ou fonder une famille, par exemple. Le travail à distance nous permet d’utiliser les compétences et l’expérience de nos anciens collègues pour répondre à des besoins précis. Ces anciens équipiers ont déjà été confrontés aux défis qui limitent l’expansion d’un projet ou sa mise en œuvre, comme par exemple l’absence d’infrastructures routiers ou les pénuries liées à la fermeture des marchés. Ils sont capables de composer avec ces restrictions tout en mettant en place des distributions respectant la distanciation physique et en procurant des masques et du gel hydroalcoolique pour ceux qui sont sur le terrain. En outre, ils apprécient pouvoir soutenir des interventions humanitaires et faire un travail qu’ils aiment sans devoir quitter leur famille ou leur pays.

Le recrutement en 2021

Comme toute autre organisation, nous avons dû adapter notre manière de faire pendant la pandémie. Celle-ci nous a poussés à mettre en place le vROC, qui nous donne l’occasion de découvrir de nouveaux candidats et potentiels futurs collègues, et de faire appel à d’anciens collègues qui sont ravis de rejoindre l’organisation sans quitter ceux qu’ils aiment. Cette nouvelle manière de faire continuera certainement cette année. Elle a son lot de défis et d’avantages, elle nous pousse à être plus réactifs et à trouver des solutions quoi qu’il arrive. Que peut-on demander de plus dans le contexte actuel ?


Ce contenu a été élaboré à partir de ressources recueillies par le personnel de Medair sur le terrain et au siège. Les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que Medair et ne reflètent en aucun cas l’opinion officielle d’autres organisations.