Histoires

Chercher de l’eau, une tâche supplémentaire pour les femmes.

Dans la partie Sud de Madagascar, les femmes, comme partout ailleurs, jouent un rôle crucial au sein de leur foyer. Cependant, en plus des tâches quotidiennes, Farasoa, une mère de 7 enfants, appartient à celles qui doivent lutter chaque jour pour obtenir de l’eau.

Fokontany Ambory Andraketalahy – Tsihombe, Janvier 2024

« En plus de mes devoirs de mère célibataire, je dois aller chercher de l’eau à au moins 3h d’ici tous les jours » révèle Farasoa. Farasoa est une femme divorcée de 38 ans, mère de 7 enfants. Sa famille vit dans une petite maison au sein du Fokontany d’Ambory Andraketalahy, dans le district de Tsihombe (Androy), au Sud de Madagascar.

Alors que certains de ses enfants cultivent du manioc et gardent des troupeaux de zébus pour subvenir à leurs besoins, Farasoa quitte son foyer à 7h du matin chaque jour pour aller récupérer de l’eau. Le puit où elle peut collecter de l’eau potable se trouve près de la mer à environ 5km de chez eux. Chaque midi, elle rentre avec un seau à la tête et un bidon de 20L dans les mains, tous deux remplis d’eau. « Je ne peux pas y aller deux fois car non seulement je manque d’énergie (je fais déjà plusieurs pauses) mais aussi, nous n’avons pas suffisamment de récipients. Nous utilisons les mêmes pour la collecte, le transport et le stockage. Heureusement que nous avons un gobelet pour puiser l’eau » soupire-t-elle.

Lors de notre passage chez Farasoa, nous avons remarqué un seau rempli d’eau boueuse. Apparemment, elle venait de le récupérer au milieu d’une route assez proche, après une petite pluie la veille de notre visite. C’est un soulagement car cela signifie un trajet en moins.

Farasoa et ses 3 enfants dans leurs maisons après la collecte d’eau au sein d’un étang

« Nous avons un bassin pas très loin d’ici mais il n’est fonctionnel qu’en cas de pluie, ce qui est très rare pendant l’année. Le coût d’un seau d’eau s’élève à 2000 Ar et nous n’avons pas ce genre de moyens, tout comme pour acheter du savon. Je sais que la couleur de cette eau n’est pas belle à voir, que des voitures et des charrettes sont passées sur la flaque où je l’ai prise et qu’elle a une forte odeur, mais nous n’avons pas le choix, nous allons la boire et l’utiliser telle quelle. D’ailleurs, même l’eau que je récupère dans le puit (amélioré à ciel ouvert), bien que claire, elle est saumâtre et dégage une odeur étrange, mais c’est la plus proche et nos yeux, notre nez et notre langue y sont dorénavant habitués… » ajoute-t-elle.

De plus, Farasoa avoue rarement prendre une douche faute de temps et d’eau. Aujourd’hui, elle cherche enfin de tout cœur un moyen d’échapper à cette corvée supplémentaire de l’eau.

Dans le Sud de Madagascar, l’eau vaut de l’or. Cela fait désormais plusieurs années que cette région de l’île connaît une sécheresse prolongée et bien que la tombée de la pluie crée de l’agitation et de la confusion, elle procure surtout une joie immense aux habitants. En effet, sans elle, ces derniers doivent parcourir des kilomètres de sable chaud, sous un soleil accablant afin de pouvoir récupérer au maximum 2 bidons d’eau (en une allée/marche). La plupart des familles collecte l’eau dans des étangs ou puits très éloignés de leurs maisons, tandis que d’autres sont contraints d’en acheter à des prix très élevés. La salubrité de ces eaux est sujette à caution car les familles n’ont pas les moyens de les purifier. Il en résulte un taux élevé d’enfants souffrants de diarrhée dans cette partie du pays. La population ne rêve que d’un accès facile à une eau potable abondante.

Medair travaille dans le Sud de Madagascar depuis maintenant 4 ans. Pour faire face aux problèmes liés au manque d’eau, elle a mis en place un nouveau projet : « Contribution à la réponse WASH face à la sécheresse et Kere dans les 03 districts de la région Androy (Ambovombe, Tsihombe et Beloha), Sud de Madagascar ». Financé par l’Unicef, ce projet contribue notamment à réduire la mortalité liée au manque de bonnes pratiques WASH, à promouvoir l’hygiène au niveau communautaire et institutionnel ainsi qu’à améliorer l’accès à l’eau potable dans ces zones vulnérables. Chaque vie compte !

Volontaire scout de Medair dans la maison de Farasoa durant une enquête CAP