Histoires

Un chef de village malgache redonne confiance dans la préparation aux catastrophes

Un chef de village d'un pays sujet aux catastrophes, Madagascar, est confiant dans sa capacité à répondre à une catastrophe naturelle susceptible de frapper son pays, suite à la formation à la préparation aux catastrophes à laquelle lui et ses concitoyens ont pris part.

« Avant, nous pensions que les cyclones violents étaient provoqués par les Vazaha (les étrangers) et qu’il était inutile de s’y préparer. Néanmoins, grâce à une série d’actions de sensibilisation lancées au lendemain des cyclones violents qui ont sévi, nous avons pris conscience de l’importance de la préparation aux catastrophes et du fait que les changements climatiques expliquent la violence accrue des cyclones », affirme le chef d’un ancien village malgache.   

Depuis quelques années, Madagascar, pays insulaire de l’océan Indien, est en proie à une sécheresse endémique et frappé par des cyclones à répétition dont la puissance et le caractère meurtrier ne cessent de croître dans un contexte de changement climatique. 
  
En janvier 2009, la ville côtière de Morondava, dans l’ouest de Madagascar, a été dévastée par les cyclones Fanele et Eric, qui ont privé des milliers de Malgaches de leur toit et de leur source de revenus. Le cyclone Fanele a frappé Madagascar deux jours après le cyclone Eric. 
  
13 ans après – en février 2022, deux autres cyclones dévastateurs ont ravagé Madagascar à seulement deux semaines d’intervalle. Les communautés les plus lourdement touchées par le cyclone tropical Batsirai sont les mêmes que celles qui ont été ébranlées par le cyclone tropical Emnati, laissant les familles sans abri.   
  
Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Madagascar est particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles telles que la sécheresse, les inondations et les cyclones. Selon une projection démographique récente, un cyclone à lui seul frappe en moyenne 700 000 Malgaches sur près de 29 millions d’habitants.  

« Il faut reconnaître que certains Malgaches, en particulier les habitants des villages reculés, ont coutume de croire que les cyclones sont provoqués par les étrangers qui visitent le pays ou qui y vivent. Ils ne veulent pas croire qu’un cyclone est un phénomène météorologique », explique Patricia Razafindrafara, responsable d’un projet de réduction des risques de catastrophes à Medair.  
  
Afin de sensibiliser les Malgaches de l’ouest de Madagascar et d’améliorer leurs dispositifs de préparation aux catastrophes, Medair a mis en place des actions de sensibilisation et de formation à la préparation aux catastrophes pour les villageois victimes des différents cyclones qui se sont succédés.  

Fin 2022, plus de 180 villages ont été formés aux quatre éléments du système d’alerte précoce : compréhension des risques existants grâce à une cartographie participative (1), surveillance, prévision et services d’alerte des risques (2), communication et diffusion efficaces et efficientes des alertes (3) et renforcement de la capacité de réaction de la population (4).  
  
« Les conseils sur la préparation aux catastrophes ont élargi ma perspective de réaction et nous ont permis de développer nos aptitudes. Grâce à la formation à laquelle j’ai assisté, j’ai pu alerter ma famille et mes voisins à l’approche d’un cyclone », confie Redady Razafimandimby , un chef de village malgache. 
  
Redady, 54 ans, est père de huit enfants. Il est l’un des responsables de l’un des 180 villages où Medair a mené une campagne de sensibilisation à la préparation aux catastrophes naturelles.  
  
Il poursuit : « Medair et ses partenaires nous ont aidés à élaborer une carte multirisque. Nous avons identifié les risques et les dangers dans notre village, les sites d’évacuation possibles en cas de besoin et les drapeaux d’alerte que nous devons hisser en prévision de l’approche d’un cyclone. »   
  
Redady se dit convaincu que la préparation aux catastrophes est indispensable si on veut minimiser les effets dévastateurs d’un cyclone. « En tant que chef de village formé, j’ai la responsabilité d’informer la population sur la nécessité de se préparer. J’enfile mon gilet et je saisis mon mégaphone pour informer mes voisins de rester vigilants et de prendre des mesures de préparation à l’approche d’un cyclone. » 
  
Suite à sa formation, Redady s’est mis à partager avec ses concitoyens tout ce qu’il y a appris. Selon lui, les enseignements tirés de la formation lui ont permis de comprendre qu’il valait mieux consacrer son temps et ses ressources à la préparation qu’à la réadaptation. 
  
Il poursuit : « Ma famille et le village tout entier avaient été sévèrement éprouvés par les cyclones précédents.  Nous avions de l’eau jusqu’aux hanches chez nous. Nous manquions de conseils et d’aide à l’époque. Je ne veux plus revivre les horreurs que nous avons connues ». 
  
En vue de renforcer la confiance des villageois tels que Redady, Medair a équipé le village d’une radio, de sifflets et de drapeaux d’alerte et les a formés aux procédures à suivre pour se préparer (par exemple, soulever les toits à l’aide de sacs de sable, évacuer vers des endroits sûrs). Au niveau national, Medair a coopéré avec le BNGRC pour envoyer des alertes à la population à risque et a formé des malgaches séléectionnés pour faire partie de l’équipe d’intervention d’urgence de Medair. 

 


Le projet a été mis en œuvre par Medair en étroite coordination avec l’agence nationale de gestion des catastrophes de Madagascar, le « Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes » (BNGRC). L’Union européenne a financé le projet.