Je m’octroie une petite pause. Ces dernières semaines de mise en place de plans de contingence ont été frénétiques. Nous sommes au début d’une réponse d’urgence face à l’épidémie du coronavirus. À l’heure actuelle, on compte 438 cas au Liban. Des milliers de personnes vivent dans des campements surpeuplés et dans des conditions précaires ; le système de santé libanais est déjà dépassé. L’impact de ce virus risque d’être catastrophique.
Entre nos réunions de coordination et les services essentiels que nous continuons d’assurer sur le terrain, nous avons pris le temps de nous asseoir avec chaque membre de notre personnel local pour leur demander s’ils pouvaient et souhaitaient participer à nos efforts si nous prenions la décision d’aider directement des personnes souffrant du coronavirus. Certains rôles présenteraient des risques : comme le suivi des patients dans un centre d’isolement, ou le transport de ces patients. D’autres rôles présentent moins de risques : la collecte des données ou la permanence téléphonique pour répondre à la hotline. Certains de nos équipiers ont à la maison leurs parents âgés dont ils prennent soin ; d’autres sont eux-mêmes vulnérables car ils souffrent de pathologies. Les conversations que nous avons eues avec nos équipiers m’ont fortement encouragée ; plus d’un ont répondu qu’ils étaient prêts à aider, peu importe le rôle. Les infirmiers de nos équipes nous ont même dit : « Si nous ne les aidons pas, qui le fera ? »
Nous sommes quatre équipiers internationaux ici et avons pris la décision de rester et de faire le maximum face à cette crise. Oui, nous savons que nous serons peut-être coincés ici pendant plusieurs mois, loin de nos familles. Nous avons accepté le fait que nous risquons d’attraper le virus. Nous comprenons que si un de nos proches à l’étranger tombe malade, nous ne serons pas à ses côtés. Mais malgré tout, le choix de rester nous parait évident.
Des petits réfugiés syriens que nous avons rencontrés lors d’une réponse d’urgence en novembre 2018
Nous répondons tous à un sens du devoir ; à un appel qui vient de Dieu. Nous sommes ici pour une raison.
J’ai conclu notre dernière réunion d’équipes avec ces mots : « Nous sommes travailleurs humanitaires. Notre mission est de soulager la souffrance et de sauver des vies. Alors peut-être que ces prochaines semaines, cette mission sera menée différemment de ce que nous avons l’habitude de faire, mais elle n’a pas changée. Je suis fière de notre équipe et d’appartenir à Medair. »