Histoires

Dépasser les attentes – Une journée dans la vie de l’équipe mobile de sensibilisation

Dans le gouvernorat d’Al Dhale’e, au sud-ouest du Yémen, la lutte pour la survie peut être quotidienne. Près de la moitié des établissements de santé du district sont non opérationnels ou fonctionnent à capacité réduite. D’une part, à cause d’une réduction des effectifs et du manque de médicaments et de fournitures essentiels, et, d’autre part, à cause de l’urgence de la situation dans la région. Dans les villages des montagnes reculées d’Al Dhale’e, les habitants vivent dans des conditions particulièrement difficiles et parcourent de longues distances pour recevoir des soins. L’effondrement de l’économie fait aussi peser une menace supplémentaire sur les Yéménites.

Le Dr. Tala, médecin généraliste de Medair, examine un enfant lors d’opérations de sensibilisation à la santé et à la nutrition dans le gouvernorat d’Al-Dhale’e.

Pour faire face à cette situation, Medair apporte ses services de santé et de nutrition aux établissements de santé et à la communauté, notamment en fournissant des médicaments et du matériel médical à dix établissements. Huit d’entre eux offrent des services de santé et de nutrition de proximité afin d’aider les personnes vivant dans des régions reculées.

Chaque équipe de proximité comprend un médecin, un médecin assistant, une sage-femme et un pharmacien : ils procurent des services de santé et de nutrition primaires et d’urgence. Cela comprend les consultations médicales, les services de santé reproductive, les médicaments, les vaccinations et les soins de santé infantile. L’équipe oriente également les patients vers des établissements situés à proximité qui offrent des soins de santé plus avancés.

Je m’appelle Karam et je suis chargé de communication chez Medair. J’ai rejoint l’équipe de sensibilisation lors d’une de ses visites et j’aimerais partager ce que j’ai vécu.

J’ai rencontré les membres de l’équipe de sensibilisation alors qu’ils se préparaient pour une nouvelle journée de travail intense. Ils conduisent pendant des heures dans les régions rurales, traversant des terrains rocailleux et dangereux afin d’aider des familles qui, sans cela, n’auraient aucun accès aux services de santé et de nutrition.

L’équipe de Medair chargée de la santé et de la nutrition offre ses services dans une salle mise à leur disposition par la communauté dans le gouvernorat d’Al-Dhale’e, dans le sud du

Avant leur départ, ils s’assurent que tout le matériel, les médicaments et les fournitures médicales soient prêts.

Le Dr Ridfan, assistant médical responsable des consultations ambulatoires, témoigne de son expérience : « Selon moi, pour comprendre et résoudre le problème, il faut beaucoup d’expérience. Je viens d’une région rurale éloignée qui manque de services de santé et de nutrition de base. Aucun centre de santé n’y existe et les conditions financières des habitants ne leur permettent pas de se rendre dans les régions les plus proches afin d’accéder à ces services . C’est la raison pour laquelle je donne le meilleur de moi-même lorsque je suis au travail, car mon équipe et moi-même sommes pleinement conscients de la situation difficile de ces régions reculées ».

Riham et son enfant de 14 mois, qui souffre de malnutrition, se rendent à une consultation au service de proximité santé et nutrition de Medair. « Je suis reconnaissante des efforts de l’équipe médicale. Nous habitons loin et c’est vraiment très long pour nous de nous rendre à l’unité de soins de santé la plus proche. C’est une bénédiction qu’ils soient venus près de chez nous afin d’aider mon enfant », dit Riham.

Lors de notre premier arrêt, nous avons rencontré Riham, portant son enfant de 14 mois dans ses bras. L’équipe de sensibilisation a installé un poste dans une maison mise à sa disposition par l’un des chefs de la communauté du village.

« Je ne sais pas ce qui serait arrivé à mon enfant si l’équipe n’était pas venue. La plupart des enfants du village souffrent de malnutrition. Nous n’avons pas assez d’argent pour acheter des produits alimentaires essentiels, c’est pourquoi nous ne mangeons que ce qui est disponible. Notre alimentation n’est pas très variée. La situation était différente avant le début du conflit. J’étais enseignante. À cause du conflit, nous avons dû fuir notre village, qui est maintenant en première ligne au nord d’Al Dhale’e », explique Riham.

Entre décembre 2020 et début mai 2022, dans le gouvernorat d’Al Dhale’e, 724 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition sévère ont ainsi été soignés par des services soutenus par Medair.

En sillonnant les villages, nous avons rencontré une autre équipe de proximité, dont le Dr Taha, médecin généraliste, fait partie. Lui et son équipe étaient très occupés à voir des patients.

« Nous voyons environ 60 à 80 patients par jour pour différents besoins de santé primaires, notamment le dépistage de la malnutrition chez les enfants, les soins prénataux, les soins postnataux, et les services de planification familiale et de consultations de santé pour différents groupes d’âge. Nous ne quittons pas le site tant que nous ne nous sommes pas assurés que chacun ait reçu le traitement dont il a besoin et soit satisfait », explique le Dr Taha.

Le Dr. Taha, le médecin généraliste de l’équipe de proximité de Medair, examine des patients sous la tente médicale.

Yasmin, sage-femme,  veille à ce que les enfants de moins de cinq ans soient vaccinés conformément au programme yéménite. Face à la rareté des services de maternité au Yémen, les équipes de proximité de Medair travaillent aux côtés des sages-femmes et des agents de santé communautaires afin de promouvoir des accouchements sans risque et procurer des soins de qualité aux femmes et à leurs bébés.

« Au début, il nous était difficile d’administrer les vaccins aux bébés. Beaucoup de personnes n’en voulaient pas, mais après un certain temps et grâce à des campagnes de sensibilisation, elles comprennent à présent les risques liés à l’absence de vaccination. C’est une bonne chose pour la communauté », déclare Yasmin, sage-femme chez Medair.

Dans le cadre de ses activités de proximité, Medair vaccine les enfants éligibles dans les régions éloignées des établissements de santé, conformément au programme élargi de vaccinations.

« Je me sens vraiment heureuse. C’est une tâche difficile, mais qui en vaut la peine, car nous réduisons l’effort des femmes et des enfants qui n’ont pas les moyens de se déplacer ou d’avoir des soins médicaux à proximité. Cela m’encourage à continuer car j’entends les prières des gens, reconnaissants que nous leur facilitions l’accès aux soins », déclare le Dr Ma’aly, responsable santé et nutrition chez Medair.

« J’ai constaté que l’intervention de proximité a rendu les services plus accessibles aux femmes et aux enfants qui vivent loin des unités de santé, ce qui est une priorité pour Medair afin d’obtenir la satisfaction de la communauté », déclare Ma’aly, agent de santé principal dans le gouvernorat d’Al-Dhale’e.

Les huit équipes de proximité dispensent des soins, effectuent des bilans de santé et examinent plus de 800 personnes chaque semaine. Il n’y a pas deux jours pareils. Un jour, l’équipe rencontre un patient atteint d’une infection pulmonaire, le lendemain, quelqu’un vient faire un examen de son diabète.

Ce qui ne change pas, cependant, c’est le dévouement de l’équipe de sensibilisation, qui donne le meilleur d’elle-même et dépasse toujours les attentes.

Ali, à droite, pharmacien chez Medair, procure aux personnes les médicaments prescrits, lors d’opérations de sensibilisation à la santé et à la nutrition dans le gouvernorat d’Al-Dhale’e.

 


Les services de Medair au Yémen sont financés par la Direction du développement et de la coopération suisse, le Fonds humanitaire du Yémen – Yémen OCHA, World Vision, le Bureau for Humanitarian Assistance (BHA / USAID), des fondations, municipalités et donateurs privés.

Ce contenu a été élaboré à partir de ressources rassemblées par le personnel de Medair sur le terrain et au siège social. Les opinions exprimées ici sont celles de Medair uniquement et ne doivent en aucun cas être considérées comme reflétant l’opinion officielle d’une autre organisation.