Communiqué de presse

Appel de 42 ONG : le retour des réfugiés au Myanmar serait aujourd’hui dangereux et prématuré.

9 novembre 2018  /  Cox’s Bazar – Bangladesh

Paola Barioli

Responsable des Relations publiques (EN/FR/IT/ES)
paola.barioli@medair.org
+41(0)786353095

Association for Aid and Relief Japan, Concern Worldwide, ActionAid, Danish Refugee Council, Welthungerhilfe, Malteser, Medair, Mission Aviation Fellowship, Voluntary Service Overseas, Peace Winds Japan, CARE, Terre des hommes, Handicap International – Humanité et Inclusion, Action Against Hunger USA, World Concern, People in Need, Médecins du Monde, Solidarités International, Oxfam, International Rescue Committee, HELVETAS Swiss Intercooperation, CBM, Save the Children, Plan International, World Vision, Medical Teams International, ACT Alliance, INGO Forum Myanmar

9 Novembre 2018, Cox’s Bazar – Bangladesh – Les agences humanitaires et de la société civile dans l’État de Rakhine au Myanmar et dans les camps de réfugiés Rohingya au Bangladesh jugent très préoccupant un rapatriement des réfugiés dès mi-novembre, selon une annonce faite par le Groupe de travail conjoint des Gouvernements du Bangladesh et du Myanmar le 30 octobre.

Les Gouvernements du Myanmar et du Bangladesh ont assuré aux réfugiés et à la communauté internationale que le rapatriement n’aurait lieu que lorsqu’il serait sans danger, volontaire et organisé dans des conditions dignes. Nous appelons ces deux gouvernements à respecter leurs engagements.

L’ONU a affirmé à maintes reprises que la situation au Myanmar n’était pas propice à un retour. Les réfugiés continuent de fuir le Myanmar. Faciliter leur rapatriement aujourd’hui serait prématuré. Le retour non volontaire des réfugiés au Myanmar, où leur vie et leur sécurité sont gravement menacées, est une violation du principe fondamental de non-refoulement.

Les réfugiés nous ont dit qu’ils souhaitaient rentrer chez eux, dans leur région d’origine ou dans un lieu de leur choix. Ils veulent avoir la garantie de pouvoir jouir de l’égalité des droits et de la citoyenneté. Ils veulent être assurés que les violations de droits humains extrêmes qu’ils ont subies cesseront, et que les personnes responsables de la violence qu’ils fuient seront traduits en justice. Ils ne veulent pas rentrer pour retrouver des conditions de détention, sans liberté de mouvement ni accès aux services essentiels et à des moyens de subsistance. Ils craignent que ces conditions deviennent permanentes, comme dans le centre de l’État de Rakhine où 128 000 Rohingyas et d’autres Musulmans sont confinés dans des camps et privés de leur liberté de mouvement depuis plus de six ans.

Surtout, les réfugiés nous disent qu’ils ont peur. Ils ont fui le Bangladesh pour trouver la sécurité et ils sont très reconnaissants au Gouvernement du Bangladesh de leur avoir donné l’asile. Cependant, ils sont terrifiés à l’idée de ce qui pourrait leur arriver s’ils devaient rentrer au Myanmar aujourd’hui, et angoissés par le manque d’informations.

« Nous voulons vraiment rentrer, mais pas sans la citoyenneté … Ils doivent nous donner la citoyenneté et une vie normale, comme les autres ressortissants du Myanmar … Ils doivent veiller à la paix et non nous causer du tort.

J’ai un frère au Myanmar … Ils ont encore peur de dormir la nuit. Ils ont peur d’être tués dans leur sommeil. Depuis que nous sommes ici, par l’action bienfaitrice d’Allah et du gouvernement du Bangladesh, nous pouvons dormir la nuit. Mais mon frère, il ne peut pas dormir la nuit. » [Femme réfugiée vivant dans un camp].

Le HCR, qui est l’agence des Nations Unies mandatée pour assurer la protection des réfugiés, doit jouer un rôle clé dans tout processus de retour organisé, notamment fournir aux réfugiés des informations objectives, actualisées et exactes dans leur langue et aux formats appropriés pour leur permettre de faire des choix véritablement libres et éclairés concernant leur retour, obtenir leur consentement et veiller à ce que les conditions au Myanmar soient propices à un retour en toute sécurité.

Nous appelons les Gouvernements du Bangladesh et du Myanmar à respecter leurs engagements et à veiller à ce que les réfugiés au Bangladesh puissent faire des choix libres et éclairés concernant leur retour, en ayant accès à toutes les informations impartiales disponibles sur la situation dans l’État de Rakhine. Les agences des Nations Unies doivent bénéficier d’un libre accès à toutes les régions de l’État de Rakhine pour pouvoir fournir ces informations.

Note aux éditeurs

  1. Pour en savoir plus sur les conditions nécessaires à un retour volontaire, sans danger, se reporter à la déclaration conjointe des ONG internationales au Myanmar publiée le 8 décembre 2017.

  2. Le Premier ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a affirmé publiquement l’engagement du Bangladesh à ne pas rapatrier les réfugiés rohingya au Myanmar tant que les conditions ne sont pas propices, « garantissant la protection, les droits et l’accès à la citoyenneté à tous les Rohingyas » dans sa déclaration devant l’Assemblée générale des NU le 25 septembre 2018 à New-York. Le Gouvernement du Myanmar a aussi déclaré publiquement que les réfugiés devraient rentrer « volontairement dans des conditions sûres et dignes ».

  3. Pour plus d’informations sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, voir le rapport complet de la Mission indépendante internationale d’établissement des faits sur le Myanmar publié le 18 septembre 2018.

  4. Pierre angulaire de la protection des réfugiés internationaux, le principe fondamental de non-refoulement prévient le refoulement ou l’expulsion d’un réfugié « de quelque manière que ce soit, sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques. » [Article 33 de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés]. Même les Etats qui ne sont pas signataires de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés sont liés par le principe de non-refoulement, qui est un principe reconnu du droit international coutumier. Le droit relatif aux droits de l’homme (Convention de 1984 des NU contre la torture et Pacte international de 1966 relatif aux droits civils et politiques) interdit également le refoulement ou l’expulsion d’une personne vers un pays où elle risquerait d’être victime de torture ou de persécution. Pour en savoir plus, voir la Note sur le Non-Refoulement du HCR.

  5. Pour plus d’informations sur les normes internationales relatives au Rapatriement volontaire, voir le Manuel pour les activités de rapatriement et de réintégration du HCR.

Pour les médias

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