Le monde prend lentement conscience de cette réalité : nous sommes confrontés à une crise alimentaire mondiale, une crise qui menace la survie de millions de personnes et accroît le risque de nouveaux conflits entraînant une augmentation sévère du nombre de réfugiés.
Nos équipes sur le terrain sont extrêmement inquiètes, car elles constatent une escalade des besoins alarmante. Je suis particulièrement préoccupé par la Corne de l’Afrique, où l’on déplore la mort d’une personne toutes les 48 secondes. Notre directrice des programmes, Anne Reitsema, le dit clairement : « Cette crise est considérable et l’ensemble de la communauté humanitaire s’efforce d’attirer l’attention sur ce qui se passe réellement. »
Pourquoi la faim a-t-elle atteint des niveaux aussi extrêmes ?
Une combinaison dévastatrice de crises dans le monde entier a généré une véritable tempête. Un nouveau rapport du PAM (Programme alimentaire mondial) et de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) indique qu’un nombre record de 49 millions de personnes dans 46 pays risquent de tomber dans des conditions proches de la famine, si elles ne reçoivent pas une aide immédiate pour sauver leurs moyens de subsistance et leur vie. Voici quelques-unes des causes de cette situation :
Des sécheresses historiques déciment le bétail, anéantissent les cultures et assèchent les sources d’eau. La Corne de l’Afrique affronte actuellement la pire des sécheresses depuis 40 ans : le nombre de personnes souffrant de faim extrême dans la région a plus que doublé depuis l’année dernière, passant de plus de 10 millions à plus de 23 millions aujourd’hui. Des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des inondations au Soudan du Sud, ont obligé beaucoup de personnes à abandonner leurs maisons, et empêché la plantation ou la récolte des cultures.
Les conflits mondiaux ont augmenté en 2022, la violence et les conflits restent les principaux déclencheurs de la famine sévère. Le conflit en Ukraine a déclenché une crise mondiale des prix des denrées alimentaires, les pays dépendant des exportations de céréales de la Russie et de l’Ukraine étant confrontés à des pénuries et à des coûts considérablement plus élevés. Depuis un an, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 30 %, en partie à cause des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, de la sécheresse et de l’inflation galopante.
Les turbulences économiques et politiques ont rendu l’environnement de financement plus difficile pour les organisations humanitaires, les réductions de financement coïncidant avec l’augmentation des coûts de fonctionnement. Par exemple, la flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant a conduit le PAM à suspendre son aide alimentaire à 1,7 million de personnes au Soudan du Sud en raison de l’augmentation des coûts et du manque de financement, hélas, à un moment où elles en ont le plus besoin. Le prix du Plumpy’Nut a considérablement augmenté : il s’agit d’un aliment riche en nutriments que nous utilisons pour traiter les enfants malnutris. À cause de la hausse de son prix, nous ne pourrons malheureusement venir en aide qu’à un plus faible nombre d’enfants.
« Les gens ici n’ont presque rien à manger. Il y a beaucoup de bonne volonté de leur part, mais la situation est tout simplement terrible : ils ont été déplacés pour cause d’insécurité et ils n’ont plus accès à leurs maisons ni à leurs champs. Ils ont dû tout laisser derrière eux. » Marie-Anne, Superviseur Nutrition, RD Congo
Qu’est-ce qui doit être fait ?
Des millions de familles ont besoin d’une aide humanitaire urgente et coordonnée pour survivre. Je peux vous dire que Medair travaille d’arrache pied avec ses partenaires et adapte rapidement ses interventions, intensifiant ses efforts partout où c’est possible pour sauver un maximum de vies. Nos équipes interviennent dans 9 des 12 pays les plus touchés, ceux qui présentent le pourcentage le plus élevé de personnes en situation de famine sévère (IPC de niveau 3 ou supérieur).
Dans la Corne de l’Afrique, en Somalie, Medair a étendu ses activités d’urgence portant sur la nutrition, la santé et l’approvisionnement en eau. En plus de nos 12 centres de santé soutenus par Medair, nous avons 36 cliniques mobiles qui assurent désormais une alimentation et des soins médicaux vitaux à des dizaines de camps et de villages ruraux.
Nous avons également lancé une nouvelle intervention d’urgence dans le nord du Kenya afin d’aider les familles les plus vulnérables du comté de Marsabit, une région plus grande que la Suisse. Notre objectif est d’envoyer des services d’aide nutritionnelle dans les communautés les plus reculées où les familles oubliées ont besoin d’une attention urgente. Nos équipes assureront le dépistage et la prise en charge des enfants et des femmes enceintes ou allaitantes souffrant de malnutrition aiguë.
Medair propose un modèle de traitement éprouvé appelé CMAM (Community Management of Acute Malnutrition ou Gestion communautaire de la malnutrition aiguë) qui permet aux enfants malnutris et aux femmes vulnérables de se rétablir rapidement. En 2021, nous avons traité 66 747 enfants et femmes malnutris et 93 % d’entre eux en sont sortis guéris. Nos équipes s’efforcent également de s’attaquer aux causes sous-jacentes de la malnutrition afin de se prémunir contre de futures crises alimentaires.
Fatima, deux ans, a reçu un traitement contre la malnutrition au Yémen.
Au Yémen, nous avons deux caravanes mobiles qui fournissent des services de santé et de nutrition gratuits à des milliers de personnes vivant dans des camps et des communautés voisines. Fatima, âgée de deux ans, est l’une des enfants que nous avons pu soigner.
Sa mère nous a dit : « Je pleurais sans cesse pour mon bébé. Elle était si maigre et si faible. Je n’avais pas les moyens de me rendre à l’hôpital et nous n’avions pas d’argent pour acheter des médicaments. Je ne pouvais pas l’allaiter correctement, car je n’avais pas bien mangé moi-même depuis des jours. Lorsque j’ai entendu parler des caravanes de santé et nutrition gratuites de Medair, j’ai eu une lueur d’espoir.
J’ai immédiatement pris Fatima dans mes bras et je suis allée les voir. Ils ont pris grand soin d’elle et sont même venus dans mon village pour surveiller son état de santé. Six semaines plus tard, je n’arrive pas à croire que ma fille se tienne debout et marche. Je ne les remercierai jamais assez. S’ils n’avaient pas été là, j’aurais peut-être perdu mon enfant. »
En nous unissant, nous pouvons lutter contre la faim
Même au cœur d’une crise comme celle-ci, j’ai de l’espoir. Je ressens de l’espoir quand j’apprends la façon dont nos actions peuvent avoir un impact sur la vie de fillettes comme Fatima. Je vois des signes d’espoir dans nos programmes nationaux, à travers les histoires que m’ont racontées les personnes que j’ai rencontrées cette année en RD Congo, en Pologne, en Ukraine et au Kenya.
Plus que tout, j’ai de l’espoir grâce à des personnes comme vous qui se mobilisent et agissent pour faire de demain un jour meilleur. Après avoir travaillé dans l’aide humanitaire pendant la majeure partie de ma carrière, l’élan de soutien aux Ukrainiens m’a vraiment encouragée. Celui-ci a montré ce que nous sommes capables de faire lorsque nous unissons nos forces, comment nous pouvons avoir un impact énorme et immédiat en cas de crise soudaine.
Nous devons nous unir à nouveau pour les habitants de la Corne de l’Afrique et pour les familles désespérées d’autres pays vulnérables qui ont été frappés par cette crise.
Notre intervention d’urgence alimentera et nourrira les familles souffrant de famine qui ont besoin d’aide pour survivre jusqu’à ce que cette situation d’urgence passe, lorsque les pluies reviendront, que les conflits cesseront ou que les prix des denrées alimentaires redeviendront plus abordables. Cela peut prendre des mois ou des années, mais nous pouvons faire la différence lorsque nous agissons ensemble.
S’il vous plaît, aidez-nous à faire passer le mot. Le monde doit être mis au courant de ce qui se passe et de la gravité de cette crise. Partagez ce blog avec vos amis et votre famille. Visitez notre page Web sur la crise alimentaire afin d’agir et de découvrir comment vous pouvez vous impliquer.
Ce contenu a été produit à partir de ressources recueillies par le personnel de Medair sur le terrain et au siège international. Les opinions exprimées dans ce document n’engagent que Medair et ne doivent en aucun cas être considérées comme reflétant l’opinion officielle de toute autre organisation.