Histoires

Les besoins d’une ville en ruines

Le quotidien des habitants et des propriétaires de petites entreprises locales du Liban un an après l’explosion à Beyrouth.

Près d’un an après le désastre, l’impact dévastateur de l’explosion du 4 aout 2020 au cœur de Beyrouth se ressent encore. Dans l’espoir de mieux comprendre les besoins des communautés que nous servons, des membres de notre équipe de soutien psychosocial à Beyrouth ont récemment fait la rencontre d’habitants et de propriétaires de petites entreprises locales dont les vies ont été impactées par l’explosion pour discuter des problèmes auxquels ils font face. Avec l’autorisation des participants, voici un aperçu de ces échanges.

Les participants se retrouvent à la bibliothèque Assabil, qui se situe près du site de l’explosion.

Dans le respect des mesures de distanciation sociale, la réunion démarre. En réunissant ainsi des membres de la communauté, nous leur donnons l’occasion de partager leurs histoires et de nous expliquer leurs techniques d’adaptation et les problèmes auxquels ils sont confrontés depuis l’explosion. Nous espérons ainsi leur donner un peu d’espoir.

 

Notre collègue Tania, un membre de notre équipe de soutien psychosocial à Beyrouth présente les points de discussion qu’ils vont aborder.

« Ce qui compte pour nous, c’est de mieux comprendre les besoins urgents de la communauté affectée par l’explosion et par les multiples crises du Liban », explique Tania. « Il est crucial que nous les écoutions pour mieux comprendre comment et dans quels domaines nous pouvons les soutenir. »

 

Hatem, 65 ans, propriétaire d’un salon de coiffure pour hommes, discute avec Maher, un des responsables de refuge, à propos de la réouverture de son salon.

« Avec la crise politique et économique actuelle, l’explosion à Beyrouth et la pandémie de COVID-19, un homme de 65 ans comme moi ne peut pas rester à la maison et simplement profiter de sa retraite ici au Liban », dit-il. « Je travaille comme coiffeur depuis plus de 50 ans. Il y a quelques années, j’ai fermé mon salon et j’ai pris ma retraite. Mais à cause de la situation actuelle, j’ai été obligé de rouvrir mon salon et de recommencer de zéro. Vous imaginez ? Nous sommes ici aujourd’hui pour vous faire part de nos problèmes car c’est une question de survie. »

 

Mohammad, 55 ans, est propriétaire d’une petite boutique de réparation de pneus près du site de l’explosion. Il s’inquiète de ne plus pouvoir acheter les produits nécessaires pour son entreprise.

« Nous sommes venus aujourd’hui pour vous parler des difficultés auxquelles nous faisons face », explique Mohammad. « Nous prions pour que de l’aide nous soit apportée car les petites entreprises en ont vraiment besoin pour rester à flot. Avec la montée des prix et la dévaluation de la livre libanaise, il est désormais plus difficile de retenir nos clients car nous achetons et vendons à des prix très élevés, avec très peu de marge, et même parfois sans marge du tout. »

 

Adel, 56 ans est le propriétaire d’un petit magasin dans le quartier de Bachoura, près du site de l’explosion.

« Nous étions déjà sur le point de toucher le fond à cause de la crise au Liban et la pandémie », dit Adel. « Mais l’explosion c’était la dernière goutte… Le plus problématique en ce moment c’est qu’avec la dévaluation, tout est devenu extrêmement cher. Je me retrouve à travailler davantage sans toutefois pouvoir subvenir aux besoins de ma famille. »

 

« Notre présence ici nous permet de vous faire part des difficultés que nous rencontrons au quotidien, et surtout depuis l’explosion », ajoute-t-il.

 

Aida, 56 ans, est venue accompagnée de son voisin, Ahram.

« Mon mari, qui est décédé (que Dieu le bénisse), avait pour habitude de m’offrir des accessoires en or lorsque nous étions jeunes », se rappelle-t-elle. « Je les avais gardés jusqu’à maintenant. Mais à cause de la crise au Liban, j’ai été obligée de tout vendre pour pouvoir payer mon loyer et pour survivre. »

 

« Ce qui compte maintenant c’est que nos paroles soient entendues et qu’elles soient mises en application, car personne ne nous aide et nous sommes seuls. Tout le monde ignore le Liban. Ils ont tout pris et ne nous ont rien laissé. »

 

Découvrez comment nous soutenons les populations vulnérables et les familles de réfugiés au Liban.


Le travail de Medair au Liban est rendu possible grâce au soutien du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, de Swiss Solidarity, de la Medicor Foundation, du Fonds « Madad » de l’Union européenne, de Global Affairs Canada en partenariat avec Tearfund Canada et de généreux donateurs privés.

Ce contenu a été produit à partir de ressources recueillies par le personnel de Medair sur le terrain et au siège social. Les opinions exprimées dans ce document n’engagent que Medair et ne doivent en aucun cas être considérées comme reflétant l’opinion officielle de quelque autre organisation.