Histoires

Jordanie : une féerie hivernale

En janvier, la Jordanie a été frappée par une tempête de neige. La situation était surréaliste, les voitures et les rues étaient recouvertes de neige. Je suis arrivée en Jordanie alors qu’il faisait chaud, et deux mois plus tard, c’était l’hiver ! Les hivers ici peuvent être rudes, avec des températures atteignant -5 °C. Bien que la neige fasse plaisir à voir, le froid est extrêmement difficile à supporter pour les familles vulnérables. Plus de 750 000 réfugiés vivent ici. La plupart d’entre eux sont des Syriens ayant fui une crise qui a commencé il y a plus de 10 ans. Les conditions hivernales aggravent la situation pour ces personnes qui peinent déjà à survivre. Le chauffage est cher, et même inaccessible pour certains.

L’année dernière, peu avant Noël, je me suis rendue avec Medair à Irbid, à environ quatre heures au nord d’Amman. Les paysages à l’aller étaient spectaculaires, avec des collines verdoyantes pittoresques. De nombreux agriculteurs vivent à Irbid, et la majorité des fruits et légumes que l’on trouve à Amman sont produits là. Les paysages me rappellent ceux de mon pays d’origine, la Zambie. En bordure de route, on voit de tout, du maïs, des tomates, des légumes et des fruits, comme c’est le cas en Zambie. Sur la route, mon collègue Arin et moi, nous nous revoyions griller du maïs sur le feu, pour le plus grand plaisir de nos fils respectifs.

À Irbid, nous avons fait la connaissance de Ruba, Agent de gestion des cas. Nous l’avons accompagné jusqu’à une tente située au centre d’une colline. Des tapis recouvraient le sol nu, et des rideaux séparaient la tente en trois. C’est là que nous avons rencontré *Ahmad et sa famille.

Ruba, un Agent de gestion des cas Medair nous explique ce qu’elle compte faire pour améliorer les conditions de vie d’Ahmad et sa famille durant son évaluation finale.

Ahmad et sa famille (6 au total) sont des réfugiés Syriens. La benjamine, Islam, a 18 mois. Elle est atteinte d’une maladie pulmonaire et cutanée, accompagnée d’ulcères et de problèmes respiratoires. Elle est aussi paralysée. Elle a besoin d’oxygène administré en intraveineuse, et de soins en continu. Étant réfugiés Syriens, Ahmad et sa femme n’ont pas de permis de travail. Ils vivent grâce à un bon alimentaire mensuel fourni par l’UNHCR. Cependant, ce bon ne suffit pas pour répondre aux besoins d’Islam. Lorsque je l’ai rencontré, Ahmad venait de recevoir de l’aide financière de Medair pour payer les factures de l’hôpital.

« Je suis reconnaissant envers Medair de m’avoir aidé à payer les factures », affirme-t-il alors qu’il berce doucement Islam. « Je prie Dieu pour qu’il nous aide à trouver une solution. »

C’était notre dernière évaluation ce jour-là. Notre travail avec Ahmad était donc terminé. Ruba et Ahmad ont discuté ensemble des options d’aide supplémentaire possibles avec d’autres agences de développement. Au moment de partir, je sentais que Ruba était triste à l’idée de ne plus les voir mais je sentais aussi qu’elle ferait de son mieux pour les aider par la suite.

« Je vais appeler l’UNHCR et une autre organisation pour qu’ils suivent de près cette affaire. Je vais les appeler autant de fois que nécessaire pour qu’ils viennent ici », a-t-elle ajouté de manière déterminée. À ce moment-là j’étais fière de travailler pour Medair.

En regardant les voitures enneigées, je suis distraite et je pense à Islam et à sa famille.

C’est pour ça que j’ai pensé à Ahmad et à sa famille aujourd’hui alors que je suis à Amman. Je me suis dit que la colline devait être très jolie recouverte de neige. Et que ça devait ressembler aux cartes de Noël traditionnelles d’une féérie hivernale pittoresque, respirant la joie de vivre, un doux souvenir de mon enfance. Mais pour Ahmad et sa famille, l’hiver n’est pas synonyme de joie.

Tout comme pour bon nombre d’autres réfugiés et familles vulnérables qui ont besoin d’aide pour payer le chauffage, les soins de santé et autres besoins de première nécessité. Il y a 26 millions de réfugiés dans le monde. Ahmad n’est pas un simple nombre mais la réalité derrière ce nombre.

 


 

Le travail de Medair en Jordanie est financé par l’Agence suisse pour le développement et la coopération, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes de la Commission européenne, le Bureau fédéral allemand des Affaires étrangères, le Département Américain de la Population, des Réfugiés et de la Migration (PRM) et par des donateurs privés.

Ce contenu a été produit à partir de ressources recueillies par le personnel de Medair sur le terrain et au siège. Les opinions exprimées dans ce document n’engagent que Medair et ne doivent pas être considérées comme reflétant l’opinion officielle de toute autre organisation.